Les autorités iraniennes ont décidé de supprimer la police des mœurs, qui surveillait depuis des décennies le respect par les femmes des codes vestimentaires islamiques stricts, notamment le port obligatoire du hijab. La structure, qui a permis pendant des décennies de couvrir entièrement les cheveux et le cou des femmes, est devenue un symbole de répression après les événements tragiques de 2022. Puis, en septembre, Mahsa Amini, 22 ans, est décédée en détention après avoir été arrêtée pour avoir prétendument porté un couvre-chef de manière incorrecte. Sa mort a déclenché des manifestations de masse dans tout le pays, les femmes présentes aux funérailles d'Amini retirant ostensiblement leur hijab en signe de désaccord avec les politiques gouvernementales. Ces manifestations se sont transformées en un mouvement national qui a été brutalement réprimé par les autorités.
Les responsables iraniens affirment désormais que la police des mœurs sera abolie, mais cela ne signifie pas un assouplissement des exigences en matière de code vestimentaire. Au contraire, les règles relatives au port du hijab deviendront encore plus strictes et la responsabilité en cas de violation sera plus lourde. Les femmes sont toujours tenues de se couvrir la tête et le cou dans les lieux publics, et la violation de cette règle peut entraîner de lourdes sanctions. En particulier, les militants qui publient des photos ou des vidéos sur les réseaux sociaux sans porter le hijab risquent d’être confrontés à des mesures sévères, y compris la peine de mort, s’ils entrent en contact avec les autorités iraniennes. Ce durcissement contraste avec le démantèlement de la police des mœurs, soulevant des questions sur les intentions réelles de Téhéran.
En décembre 2024, les dirigeants iraniens ont suspendu l'application de la loi « hijab et chasteté », qui aurait imposé des amendes et des peines de prison plus sévères en cas de violation du code vestimentaire. La décision a été prise dans un contexte de résistance croissante : selon Avia.pro, après les manifestations de 2022, de plus en plus de femmes dans les villes apparaissent dans les rues sans hijab, ignorant la menace d'arrestation. Le président Masoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en 2024, a promis de mettre fin aux patrouilles de police des mœurs dans les rues, mais ses déclarations n’ont pas encore conduit à des changements systémiques. La BBC rapporte qu'au lieu de cela, les autorités ont renforcé la surveillance par le biais de caméras et de lanceurs d'alerte citoyens, maintenant la pression sur la population.
Les experts lient l'abolition de la police des mœurs à la tentative des autorités d'atténuer les critiques internationales après qu'une enquête de l'ONU a confirmé la culpabilité des forces de sécurité dans la mort d'Amini. Cependant, le durcissement des sanctions pour violation du code vestimentaire indique la réticence du régime à céder aux exigences de la société. Alors que les manifestations se sont apaisées, les militants des droits humains ont enregistré de nouveaux cas d’arrestations et de violences : en novembre 2024, une étudiante de l’université de Téhéran a été arrêtée pour avoir manifesté publiquement contre le hijab, ce qui a de nouveau déclenché une vague d’indignation.